S’il est un lieu qui ne figure pas sur le catalogue des agences de voyage, c’est bien celui là. Perdu entre le 2éme et le 4éme degré de latitude nord, c’est-à-dire entre le fleuve Oyapock et l’Amazone, cette étendue sauvage est couverte de forêts humides où les moustiques règnent en maitres.
Pourtant, durant deux cent ans, elle fera l’objet d’une farouche contestation de propriété, d’abord avec le Portugal, ensuite avec le Brésil, par suite d’une imprécision historique et géographique à la fois : Où se situe exactement la rivière Vincent Pinson, censée être la frontière entre les deux pays ?…
Et pendant que les ministères des affaires étrangères concernés débattaient, comparaient des cartes anciennes, sur le terrain la vie s’organisait. On y élevait du bétail, on y cherchait de l’or, on construisait des villages et même une république indépendante à partir de Counani, village attitré de l’explorateur Henri Coudreau et tout cela en totale liberté, ce qui ne pouvait laisser indifférents les gouvernements concernés !
Le territoire contesté franco-brésilien ne pouvait rester libre, ou vacant de pouvoir! Un arbitrage du conseil fédéral suisse, habitué du fait et censé être neutre, tranchera cette histoire de frontière en 1900. Après le Mississipi, le Canada, la France perdait là une nouvelle partie de son empire, dans l’indifférence générale…
Franck Sénateur, président d’une association d’histoire pénitentiaire est curieux de tout ce qui concerne l’homme. C’est en étudiant la route d’évasion des bagnards par le Brésil qu’il s’intéresse à ces fragments d’empire amazoniens. De pirogues en taxis de brousse, il part alors à la recherche des fantômes d’Anna Charron, du capitaine Lunier et de Jules Gros, au cœur de ce fameux « territoire contesté franco-brésilien »…